Synthèse

Objectif

Le présent billet se veut une analyse de l’impact futur du web social sur mon domaine principal d’activité qui est les systèmes d’information organisationnels (SIO). Nous avons pu observer de grands bons au sujet du web social ces dernières années, mais il est difficile de prédire ce que nous promet l’avenir. Dans ce billet, j’essayerai d’anticipé les changements qu’apportera le web social sur les SIO sur les horizons de 1 an, 5 ans et 20 ans. Je commencerai par décrire l’état du domaine et les tendances actuelles pour me diriger ensuite vers les prédictions.

État et tendances

L’évolution des systèmes d’information (SI) est par sa nature, très lié aux développements qu’a subit le web social. En effet, le web social s’appuie sur les SI pour fonctionner. Les objets sociaux qui sont au cœur du web social sont une spécialisation de l’information. Les objets sociaux peuvent être définis comme des objets autour desquels les réseaux sociaux se forment. Dans un SIO, la question est de définir, quel pourrait être l’objet social. Plusieurs réponses sont possibles et se divisent en deux grandes catégories : les objets sociaux communs à toute entreprise et les objets sociaux spécifiques au domaine d’activité de l’entreprise en question. Dans ce billet, je m’attarderai plus aux objets sociaux qui sont communs à toute entreprise (ici commun signifie que chaque entreprise est concernée et non pas que l’objet est partagé entre les entreprises), car il est pratiquement impossible de couvrir tous les domaines d’activité.

Actuellement, les organisations ont du retard quant à leur utilisation du web social pour leur usage interne, soit dans leurs SI. J’ai pu observer que l’utilisation de wiki se développait tranquillement chez certaines équipes chez mon ancien employeur. Aussi, certaines entreprises essayant d’améliorer leur contact avec la clientèle adopte des SI (CRM) ou l’objet social est le dossier d’un client qui est partagé à travers l’organisation et auquel les employés juxtaposent des commentaires. Un autre objet social est les changements faits au code des applications; un fichier est modifié par plusieurs individus qui peuvent commenter au besoin dans l’outil (TFS dans l’entreprise où je travaillais). Le mouvement Agile qui a pris d’assaut les entreprises de la ville de Québec récemment à amener son lot d’objets sociaux (par ex. product backlog item, bug report) souvent intégrés aux outils de gestion du code source des applications. J’ai pu voir en entreprise l’utilisation de progiciel ou de plateforme facilitant le flux de travail (par ex. Sharepoint) qui peuvent aussi être utilisée pour faire des portails intranet.

Les structures de communication dans les entreprises peuvent être formelles ou informelles. Historiquement, elles étaient plus formelles qu’informelles, car l’employé n’avait pas de contact direct avec les échelons dont il n’est pas directement le gestionnaire ou le subordonné (n-1, n+1). Avec l’avènement du courrier électronique, il est maintenant plus facile de communiquer à d’autres individus de la hiérarchie. De plus, un objet social peut être commenté par divers acteurs situés un peu partout dans l’organisation. Par exemple, quelque fois l’objet social est un document qui est rédigé par un membre d’une équipe, révisé par un autre individu et approuvé par un gestionnaire ou responsable. Chacun laissant des notes dans ledit document.

Dans les organisations, les concepts de confiance et de crédibilité s’appliquent aussi. La confiance qui «  indique une une perception positive quant à la fiabilité et la bonne foi d’une personne » [1] comprend 2 facettes, soit la fiabilité et la bonne foi. Posons que la bonne foi n’est pas un problème (une utopie où les agents placent le succès de l’organisation avant leurs propres besoins; il y a pas de jeu politique). La fiabilité est toutefois, plus problématique, car bien que quelqu’un soit de bonne foi, il peut être incompétent. La fiabilité des ressources se discute en coulisse; il est rare que ce soit de notoriété publique. Les SIO ne sont pas conscient de la réputation d’un acteur contrairement à ce qu’on peut voir dans les forums internet.

repStack

Exemple de Réputation sur le forum StackOverflow

La crédibilité « serait une perception relative à la fiabilité, mais accordée à une information. Plus une information est crédible pour nous, plus nous sommes enclins à la croire. » [2]. Donc un acteur à qui l’on fait confiance peut tout de même générer du contenu que nous ne sommes pas enclin à croire. Qui plus est, dans un SIO, il est quelque fois difficile de savoir qui a généré l’information initialement.

En ce qui a trait au tagging, il est désormais aisé de tagger des documents hébergés dans le nuage via des services comme OneDrive comme on le fait pour des billets de blog ou des sites de marque-pages (par ex. Diigo). Ceci fait en sorte qu’il est plus facile de retrouver les documents liés à un sujet ou à un projet. Dans le passé, j’ai eu à mettre à jour des applications et la documentation qui leur était liée, mais je me suis souvent heurté au problème de trouver les documents à modifier.

tagOneDrive

Exemple de tagging dans Word 2013

Rôles et Besoins des Acteurs

Les rôles des acteurs peuvent être représentés par des catégories génériques comme : générateur de contenu, commentateur, évaluateur, etc. L’attention des acteurs est dirigée vers différents types d’objet sociaux dépendant de leur rôle précis dans l’organisation, mais souvent, il s’agit de documentation sur un projet ou sur les opérations. Par exemple, dans un projet TI, il y a différents rôles : le représentant du client, l’analyste fonctionnel, l’analyste organique, le programmeur, le chargé de projet, etc.

Chacun porte son attention sur différentes parties du flux de travail qui permettra la réalisation du projet. Ils entrent donc en relation autour des objets qui font partie de leurs tâches. Par exemple, le programmeur va être en relation avec le client via la création d’anomalies qui seront commentées par les deux parties.

La pérennité des structures actuellement repose fortement sur la communication verbale et via courriel et peu sur l’objet social directement. Les organisations découpent grandement les rôles des acteurs et ceci fait en sorte que l’influence de chacun au sein de l’organisation est plus limitée (un individu n’a pas beaucoup de relations). Toutefois, avec l’utilisation de méthodes agiles qui prend de l’ampleur, le cloisonnement tend à être moins grand.

Futur

1 an

Je crois que les SIO évolueront peu dans la prochaine année. Ceci est dû à la lenteur avec laquelle les entreprises peuvent mettre à jour leurs systèmes qui sont quelque fois très massif. Si modification il y a, elles proviendront des progiciels utilisés (nouvelle version d’Office, SharePoint, etc.). Mais les nouvelles fonctionnalités resteront peu utilisées, car les processus d’affaires ne seront pas encore adaptés.

5 ans

Dans un horizon de 5 ans, il risque d’y avoir plus de changement, car les organisations auront eu le temps de s’adapter aux technologies émergentes. Je vois une utilisation grandissante du tagging où on pourrait attacher des tags à un individu (par ex. compétences comme dans LinkedIn), à un projet, à un document et en fait à pratiquement tout. En ce moment, dans les grandes organisations, il est difficile de trouver la personne ressource idéale pour nous aider dans un domaine particulier. Pour pallier à ce problème, je vois la création dans les entreprises de communautés d’intérêts divers via des forums par exemple ou la création de pages personnelles pour chaque employé énumérant son niveau d’aisance avec différents concepts.

recomm

Exemple Recommandation dans LinkedIn

20 ans

Dans le domaine qui nous intéresse, il est très difficile de faire des prédictions dans un si grand horizon, mais voici quelques idées. Je crois que nous passerons du tagging manuel des ressources à l’auto-tagging avec possibilité d’édition. On peut déjà voir ceci dans des systèmes comme Diigo qui nous propose des tags lors de l’ajout d’une nouvelle page, mais je l’imagine appliqué à l’ensemble des objets sociaux. Quelques fois, les ressources d’une entreprise, ne sont pas seulement textuelles. Je vois donc dans un horizon de 20 ans, l’auto-tagging impliquer aussi les images, le son et les vidéos.

auto tag

Exemple Auto-Tagging dans Diigo

La confiance que l’organisation a envers des individus pourra être plus visible, mais il faudra faire très attention de ne pas mettre de confiance négative à certaines compétences d’individu. Ceci permettra de trouver plus facilement des employés dans l’organisation qui pourront nous aider à l’instar des recommandations du réseau LinkedIn.

Conclusion

Pour conclure, le web social est un domaine en pleine effervescence qui ne semble pas perdre de vitesse. Il est très utopique de pouvoir penser faire des prédictions sur le futur à long terme, mais puisque les SIO ne peuvent évoluer aussi vite que la technologie, nous pouvons dire que les changements à court terme devraient être mineurs.

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